Câbles et haut-parleur

Ça se passe dans la rue


Dans les villes, aux devantures des magasins, pendent bien souvent des cages à oiseaux. On emprisonne les volatiles afin que leurs chants résonnent au cœur du chao. Moment de répit pour l’oreille, saturée des vrombissements des moteurs et des klaxons. Dans les parcs, on réunit les cages pour un doux concert de gazouillis, on s’offre un semblant de campagne au cœur du trépignement de la cité. Pour se souvenir que les arbres en abritaient, autrefois. Ou bien pour garder auprès de soi un extrait de nature, se dire, en baissant les paupières, que tout n’est pas perdu. Y croire encore un peu.

Attention toutefois où l’on pose les yeux. Il est tentant de lever le nez afin d’admirer les traces d’architecture coloniale bordant les rues de Hanoï, ou de rester coi devant les invraisemblables paquets de câbles arrimés aux poteaux électriques, mais cela se fera au dépend de la sécurité. Car, sur la chaussée, le trafic est impitoyable.

Des hordes de scooters zigzaguent entre les bus et les taxis, tous lancés à vitesse constante et choisissant, plutôt que de ralentir face à un obstacle, de l’éviter en le frôlant. L’obstacle, c’est vous. Pour traverser une rue, il ne suffit pas de regarder des deux côtés, il faut se lancer. Et avancer par à-coups, afin de laisser aux véhicules la possibilité de vous contourner. Nombreux sont les touristes tétanisés qui restent plantés devant le flot incessant sans oser s’y jeter.

N’espérez pas vous réfugier dans un marché, par exemple, pour échapper à la circulation. Car au Vietnam, le scooter étant devenu roi, on fait ses courses en selle. On s’approvisionne en denrées sans descendre de son deux-roues, accrochant les sacs en plastique aux poignées du guidon. Et le piéton, repoussé dans ses retranchements, se voit contraint d’enjamber les étals et les marchandes posés à même le sol.

Heureusement, ici et là des ruelles ignorées du trafic permettent tout de même de flâner un peu. Et l’on prendra le temps d’admirer le périlleux harnachement des vélos surchargés de bidons, de paniers, de cartons, de fruits ou tout autre – improbables – marchandise à transporter d’un point à l’autre de la ville.

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