Qu’y a-t-il derrière les portes vietnamiennes ? Dans quel monde donnent-elles ?
Franchir une porte, au Vietnam, c’est accéder à un univers inédit. Changement de lumière, de son, de vibrations. Les portes dissimulent les humeurs et protègent les fragiles.
La vieille femme, depuis un coin sombre de la pièce, la regarde avec anxiété. Elle est mieux à l’intérieur, elle a ses petites habitudes. Dehors, tout va trop vite.
Les couples s’y cachent pour s’aimer, cela ne se montre pas. La pudeur naturelle des vietnamiens favorise la discrétion. Et pourtant, derrière les portes fermées, on perçoit des rires étouffés, et des soupirs.
Les enfants les poussent à coup d’épaule, ils les veulent ouvertes en grand, pour galoper librement.
Dans les villes, les portes sont orgueilleuses, tout en chrome et fer forgé, apparentées à celles qui interdisent l’accès aux coffres forts. A la campagne, elles sont bien souvent rabattues, elles invitent le passant à les franchir.
Dans les maisons modernes, blocs de ciments carrelagés de la tête aux pieds, elles se situent en fond des patios. La première partie de la demeure, offerte aux vents et aux visiteurs, se montre au grand jour. Les portes ne se cadenassent pas vraiment, elles font semblant.
Et puis, il y a les portes des temples. Ouvertes sous condition. Rien d’insurmontable, il suffit de les passer déchaussé et accompagné de bonnes intentions.
Ces portes-là cachent des trésors, que l’on découvre avec émotion, tandis que les habitués viennent s’y recueillir rapidement.
On ne s’attarde pas à l’intérieur, une petite prière, un petit don, un encens allumé et l’on s’en va. On voudrait s’y laisser enfermer, pour goûter au silence du lieu, à sa sérénité. On voudrait que la porte se referme sur nous, pour nous couper un instant du monde extérieur, tumultueux et excessif.
Quoiqu’il en soit, verrouillée ou non, une porte vietnamienne se passe aisément. Et alors les sourires apparaissent, les verres se remplissent et les rires fusent.
