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La maison et son reflet...

Glissement de terrain – épisode 3 (fin)

La maison semblait inhabitée.
Faisant face au canal, éclusière délaissée, elle donnait l’impression d’avoir perdu son rôle, de n’être plus là pour rien ni pour personne. Cerclée d’un jardin en friche, les vitres troubles, elle tombait doucement en décrépitude.
Je m’en suis approché. Il y avait, sur la berge vers laquelle elle était tournée, une antique barque vermoulue et une voiture mangée par la rouille. Une vie abandonnée dont il ne demeurait plus que les traces, le rebut.
Pourtant, derrière la vitre de la porte d’entrée, se tenait une femme. Une silhouette. Qui regardait dehors, les yeux dans le vague. À mon approche, elle a eu un mouvement de recul, et elle a disparue, avalée par le vide de sa demeure.
A son geste, j’ai compris qu’elle n’aurait pas voulu que je la voie. Alors j’ai donné un coup de pédale, je me suis éloigné.

Qui était-elle ? Recluse dans sa maison oubliée, négligée, elle me faisait l’effet d’un être rongé par l’attente. Mâchée de solitude. Prisonnière au sein de son éclusière, elle regarde passer les cyclistes en craignant d’être remarquée. Peut-être attendait-elle un sourire de ma part, un signe de tête, je ne le saurais jamais.
Mais son regard perdu, la fragilité de sa présence derrière le carreau sale, ont continué de me hanter, alors que je poursuivais mon chemin, le long des berges insouciantes qui relient Brest à Nantes.

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